Apprendre une langue tonale comme le cantonais n’est pas facile. Ceci est un fait, et pour cause. Les langues tonales donnent du fil à retordre puisqu’elles nécessitent de reconnaître leurs tons pour comprendre les mots. Autrement dit, les tons avec lesquels les mots sont prononcés indiqueront leurs sens.
Le chinois mandarin est aussi une langue tonale. Cela dit, là où le mandarin fait usage de quatre tons, les tons en cantonais, eux, sont au nombre de six (ou neuf) ! C’est l’un des facteurs principaux que qui rendent cette langue difficile à maîtriser. Apprendre le cantonais, et en particulier ses tons, nécessite donc un peu de temps et d’efforts, et notre article est justement là pour t’aider. Alors, si tu t’emmêles déjà les pinceaux avec la tonalité du cantonais, continue de lire, tu y verras certainement plus clair à la fin.
Sommaire
Quels sont les tons cantonais ?
Le cantonais possède neuf tons. Ou pour être plus précis dans notre description, la langue possède six tons principaux, et trois tons additionnels (et parfois même plus) se produisant à des emplacements spécifiques.
Quels sont les 6 tons principaux en cantonais
- Ton haut : ce ton est prononcé avec une hauteur élevée et régulière. Tu peux prendre l’exemple du mot « sī » (詩), qui signifie « poème ».
- Ton médian montant : ce ton débute de façon moyenne puis monte vers le haut. Un exemple facile pour retenir ce ton est « sí » (史), qui se traduit par « histoire ». La voix monte au fur et à mesure de la prononciation.
- Ton médian/moyen : ce ton reste à une hauteur moyenne et constante tout au long de la phrase. Nous pouvons prendre l’exemple du mot « si » (試) qui signifie « examen ».
- Ton descendant : ce ton commence à une hauteur basse et tombe encore plus bas, comme dans le mot « sīh » (時), par exemple, qui signifie « temps ».
- Ton légèrement montant : ce ton commence à une hauteur basse et s’élève jusqu’à une hauteur légèrement plus élevée, comme dans le mot « síh » (市) qui signifie « ville ».
- Ton bas : Enfin, ce ton reste systématiquement bas, comme dans le mot « sih » (是) qui signifie « être ».
Les mots utilisés pour représenter ces tons se ressemblent. Ceci est volontaire, pour que tu puisses apprendre à reconnaître les différences subtiles entre les divers sons produits. Voici un tableau récapitulatif avec l’audio correspondant pour entraîner ton oreille.
Ton | Exemple | Prononciation |
---|---|---|
Ton haut (1) | 詩 | |
Ton médian montant (2) | 史 | |
Ton médian/moyen (3) | 試 | |
Ton descendant (4) | 時 | |
Ton légèrement montant (5) | 市 | |
Ton bas (6) | 是 |
Les 3 tons cantonais supplémentaires
Aux six tons cantonais principaux, s’ajoutent trois tons qui sont en réalité une prolongation de ces tons principaux, mais dont la fin est un arrêt avec les consonnes p, t, et k. Nous avons ainsi les tons suivants :
- Le ton haut bas entrant, comme dans « sīk » (識) – « savoir »
- Le ton bas descendant entrant, comme dans « sek » (錫) – « étain »
- Le ton léger entrant, comme dans « sihk » (食) – « manger »
La transcription des tons en cantonais
Apprendre à différencier les tons en cantonais de façon auditive seulement est relativement difficile, notamment au début du parcours d’apprentissage.
Fort heureusement, le cantonais possède, comme le mandarin, un système de transcription des tons. En revanche, contrairement au mandarin qui utilise des signes diacritiques sur les mots transcrits en pinyin, le cantonais lui accole les chiffres correspondant aux tons à chaque syllabe transcrite en jyutping.
Ainsi, si on écrit ní hǎo (你好) en pinyin, avec des signes sur chaque mot pour en indiquer la tonalité, on écrira nei5 hou2 (你好) en jyutping. Le mot nei se prononce donc avec le cinquième ton, tandis que le mot hou, lui, prend le deuxième ton.
La plupart des applications, comme l’application Ling, intègrent directement la transcription jyutping dans leurs exercices et leurs leçons, avec la possibilité de les désactiver pour s’entraîner à reconnaître les tons une fois plus à l’aise avec la langue. Pratique, non ?
Comprendre les initiales et les finales en cantonais
Explorons maintenant un autre aspect essentiel de la prononciation en cantonais : les initiales et finales.
Les consonnes dites initiales sont celles par lesquelles commencent les syllabes, tandis que les finales sont les voyelles et les sons finaux.
Aperçu des initiales en cantonais
Le cantonais compte 19 consonnes initiales. Si certaines sont familières aux francophones, d’autres peuvent être plus difficiles à prononcer.
Voyons quelques exemples :
- « b » comme dans « bāau » (包, « paquet »), prononcé comme dans « bateau ».
- « d » comme dans « dīm » (點, « point »), prononcé comme dans le mot français « point ».
- « g » comme dans « gōu » (狗, « chien »), prononcé comme dans « gare ».
- « gw » comme dans « gwāi » (鬼, « fantôme »), ce son n’a pas d’équivalent en français. Il combine les sons « g » et « w ».
Aperçu des finales en cantonais
Les finales sont une combinaison de voyelles et de sons finaux qui suivent la consonne initiale.
Le cantonais compte environ 53 finales, qui peuvent être divisées en trois catégories :
- Les voyelles simples, autrement dit, des sons à une seule voyelle, comme « a » dans « fāa » (花, « fleur ») et le « e » comme dans « se » (蛇, « serpent »).
- Les voyelles composées, ou des combinaisons de deux ou plusieurs voyelles, comme « ei » dans « sēi » (死, « mourir ») et « ou » dans « dou » (道, « route »).
- Les voyelles avec consonnes finales, qui sont des finales se terminant par une consonne. Nous pouvons prendre exemple de « uk » dans « hūk » (學, « apprendre ») et « ing » dans « yíng » (英, « héros »).
Les consonnes finales en Cantonais
Le cantonais possède 6 consonnes finales que l’on peut séparer en deux catégories. Les trois consonnes finales m, n et ng sont occlusives. Cela veut dire qu’on peut les entendre suite à un relachement du point d’articulation après prononciation. En revanche, les trois autres consonnes finales p, t, et k sont implosives et se prononcent sans relachement.
Cette différence peut être assez subtile pour les débutants, qui auront tendance au début de prononcer toutes les consonnes de façon plosive. Apprendre le cantonais demande donc de bien tendre l’oreille pour repérer tout changement s’opérant dans la bouche de celui ou celle qui parle pour pouvoir ensuite émuler ces changements.
Des coups de glotte (ou arrêts glottaux) en cantonais ?
Les arrêts glottaux, également appelés coups de glotte, sont parfois présents dans le système de prononciation en cantonais.
Un arrêt glottal est une brève pause ou fermeture des cordes vocales, semblable au son entre les syllabes, un peu comme lorsque tu dis “oh oh” par étonnement. En alphabet phonétique internatinal, ce son est généralement symbolysé le signe [ʔ].
En cantonais, les arrêts glottaux se produisent parfois (mais rarement) à la fin des mots, remplaçant les consonne finale p, t et k .
On retrouve l’arrêt glottal dans d’autres langues ou dialectes. Certains Anglais britanniques sont, par exemple, parfois caricaturés pour leur façon de prononcer « bottle of water » (bouteille d’eau), car ils remplacent le son « t » par un arrêt glottal. On entend alors plutôt a bo[ʔ]le of wa[ʔ]er.
En cantonais, l’arrêt glottal n’est pas systématique. Il se produit généralement par erreur (de la part des apprenant ou de jeunes enfants en pleine acquisition de la langue), ou par glissement du point d’articulation de la consonne vers un autre.
Astuces pour apprendre la bonne prononciation en cantonais
Nous avons parlé un peu plus haut de l’importance de l’écoute concernant la maîtrise des tons en cantonais.
Cependant, l‘écoute, seule, n’est bien évidemment pas suffisante. Tu peux mettre en place d’autres habitudes et appliquer des astuces spécifiques pour surmonter la difficulté que présente la prononciation de la langue cantonaise. En voici quelques-unes :
1. Enregistre-toi
Utilise ton dictaphone pour t’enregistrer pendant que tu parles cantonais. Cela te sera d’une grande aide, pour identifier les lacunes que tu dois combler par plus d’entraînement, mais aussi pour enregistrer et suivre ta progression. Faire une comparaison avant/après peut être très encourageant et peut booster ta motivation.
2. Ralentis
Lorsque tu t’entraînes à la prononciation des mots en cantonais, prends ton temps. N’hésite pas à ralentir volontairement et à prononcer chaque syllabe très lentement. Ceci te permettra de te concentrer sur la justesse des sons et des tonalités, et avec le temps, tu deviendras naturellement plus rapide et plus fluide.
3. Décompose les mots complexes
Lorsque tu es confronté à un mot difficile (ou à une phrase), décompose-le pour en comprendre les éléments (initiales, finales et tons), et pour pouvoir ensuite les réassembler plus facilement. En ayant une vue plus précise de leur composition, les mots en cantonais deviendront beaucoup plus simples à maîtriser.
4. Utilise des virelangues
Les virelangues sont un excellent moyen de s’entraîner à la prononciation des langues tonales comme le cantonais. Ces phrases amusantes comportent souvent des syllabes à la sonorité similaire, ce qui peut t’aider à apprendre à distinguer les différents sons et tons.
Questions fréquentes sur la langue cantonaise
Quelle est la différence entre le cantonais et le mandarin ?
Le cantonais et le mandarin sont deux dialectes chinois. Le mandarin s’écrit avec des caractères chinois simplifiés, tandis que le cantonais s’écrit avec des caractères chinois traditionnels. Enfin, le mandarin a pour système de transcription le pinyin. Le cantonais, lui, utilise le système de transcription jyutping.
Dans quels pays parle t-on le cantonais ?
Le cantonais est essentiellement parlé dans le sud de la chine, notamment dans la province du Guangdong, dont la capitale est Canton (Guangzhou). Mais il est aussi parlé dans les régions administratives de Hong-Kong et de Macao.
Le cantonais et le mandarin sont-ils mutuellement intelligibles ?
Le chinois mandarin et le cantonais ne sont pas mutuellement intelligibles. Un locuteur du mandarin aura du mal à comprendre un locuteur du cantonais et vice-versa (bien que les locuteurs du cantonais sont souvent également locuteurs du mandarin).
Cela dit, les deux dialectes s’écrivant avec des caractères chinois, il est possible pour leurs locuteurs de se comprendre à l’écrit. On dit donc que le mandarin et le cantonais sont mutuellement intelligibles, mais seulement à l’écrit.
Prêt à apprendre le cantonais ?
Te voici à la fin de cet article sur les tons en cantonais. Tu es donc fin prêt à apprendre la langue sans trop avoir peur de ses aspects complexes. Alors, n’attends plus, choisis l’application pour apprendre le cantonais qui convient le plus à ton style d’apprentissage et à tes besoins, et commence dès maintenant !